D'où venez vous et où vivez vous ?

Je suis née et j’ai grandi à Rabat, ma ville de coeur. Aujourd’hui, je vis à Casablanca avec ma famille.

Quelles études avez-vous poursuivies et pourquoi ce choix d’études ?

Je suis diplômée de Sciences Po Paris. Ce choix de cursus m’a permis de baigner dans un environnement cosmopolite, ouvert sur le monde et qui m’a inculqué le réflexe de situer chaque question dans son contexte social, économique, politique … Les enseignements que j’y ai reçu m’ont aussi sensibilisé à plusieurs questions relatives notamment à l’égalité des chances et à la diversité.

A quel moment êtes vous devenue sensible à la diversité sociale et quels ont été vos premiers pas dans le milieu associatif ?

J’ai eu la chance de baigner dans l’associatif et les projets collectifs depuis mon enfance. En effet, mes parents m’ont inscrite assez tôt à une association de notre quartier, aussi j’ai été inspirée par leur engagement dans diverses initiatives collectives.

Pendant mon adolescence, je m’étais engagée dans le caritatif via le Rotaract Rabat Chellah. Ensuite, une fois installée en France, j’ai rejoint l’Association des Etudiants Marocaines en Grandes Ecoles avec laquelle j’avais contribué à l’organisation du plus grand Forum d’emploi de France pour les Marocains désirant rentrer au Maroc, ainsi que la première édition des Journées de la Jeunesse Marocaine à l’Institut du Monde Arabe.

Attirée par l’entrepreneuriat, j’ai aussi fait partie du bureau de Maroc Entrepreneurs qui oeuvre jusqu’à présent pour la promotion de l’entrepreneuriat auprès des Marocains de France notamment.

Pour répondre à la question de la diversité sociale. J’y suis très sensible car je considère qu’elle permet à la fois une prise de conscience des réalités de notre pays, ce qui est un préalable essentiel à tout type d’engagement ou d’action à impact.

J’ai eu l’opportunité de faire mes études de collège et lycée au sein de l’école publique marocaine ce qui m’a permis de côtoyer des personnes de divers horizons et environnements. Les Associations et l’école constituaient ainsi un espace de mixité sociale porteuse de richesse et d’apprentissages où on était confrontés à la réalité du terrain. Ce brassage permettait de prendre conscience des problématiques sociales majeures que vivent les jeunes Marocains et de les intégrer dans ce qui deviendrait notre engagement futur.

C’est une opportunité à laquelle hélas nos enfants sont rarement exposés car cantonnés à des cercles privilégiés qui selon moi, ne reflètent en aucun cas toutes les facettes de notre pays.

Comment s’est passé le retour au Maroc ?

Nous sommes rentrés au Maroc avec mon mari pour des raisons à la fois professionnelles et personnelles.  Ce retour au pays a été suivi d’un nouvel équilibre à gérer: Une nouvelle ville, Casablanca, un nouveau job et l’arrivée de notre premier enfant et donc la maternité. Une belle dynamique perso mais qui était aussi porteuse de plusieurs types de challenges, notamment professionnels.

Justement quels ont été ces challenges ?

Après avoir pris le pli de la routine maison / boulot / dodo mixée avec la cohue casablancaise, je me retrouvais emportée dans un rythme infernal où mon énergie s’épuisait sans pour autant être convaincue de mes choix de carrière.

J’étais dans une sorte de carrefour où les choix et les possibilités de carrière n’étaient pas claires. Il fallait que je trouve une voie en alignement avec mes valeurs, mes aspirations et mes ambitions.

Une voie qui ferait sens pour moi afin de l’emprunter en toute connaissance de cause, m’y engager en ayant à ma disposition les bons outils …

Le passage par cette étape s’est matérialisé par une période de doute et de questionnements. J’ai finalement décidé de sortir de mon immobilisme et aller à la rencontre des gens pour écouter leurs histoires, leurs parcours de vie et m’en inspirer. Et c’est ainsi que j’ai pu faire des rencontres qui allaient m’orienter vers de premières pistes de réflexion. Ces dernières m’ont d’ailleurs permis de repenser mon poste pour m’orienter vers l’Innovation notamment.

Est ce à ce moment là qu’a démarré l’aventure Mentor’elles ?

Tout à fait! Dans ma quête, mon chemin a croisé celui d’une dame extraordinaire qui allait devenir ma Mentor. Mais en ce temps là, je n’avais que vaguement entendu parler de Mentoring.

En effet, elle m’avait proposé de faire une interview avec Nathalie Loiseau, qui avait publié l’ouvrage “Choisissez tout” ! J’ai donc dû lire ce dernier et en retenir les principaux messages, parmi lesquels : “Un mentor, sinon rien !”

Nathalie Loiseau décrivait l’impact qu’avaient eu ses mentors sur son cheminement de carrière, les éclairages qu’ils lui avaient apporté et le soutien dont ils avaient fait preuve pendant les phases les plus critiques de son parcours.

Ceci a fait écho chez moi et j’ai ainsi décidé de lancer une initiative qui allait permettre aux femmes d’avoir accès à des mentors pour les guider dans les moments décisifs de leur carrière. Et c’est ainsi que Mentor’Elles est née avec comme principaux ingrédients : Une problématique réelle avec une volonté forte pour y remédier, un groupe d’amies qui m’ont tout de suite fait confiance pour embarquer dans l’aventure, et une Mentor qui m’a ouvert son carnet d’adresses pour recruter la première promotion de Mentors !

Et aujourd'hui ça donne quoi ?

Aujourd’hui, Mentor’Elles est une Association à but non lucratif avec plus de 200 membres bénévoles dont une majorité d’actifs. Avec les membres du bureau, notre mission est de mettre à disposition des femmes professionnelles des leviers forts pour concrétiser leurs ambitions de carrière notamment ce qu’on appelle le triple M: Mentoring, Meet ups et Masterclasses.

Depuis 6 ans, notre association a permis de créer plus de 500 mises en relation à travers le mentoring ponctuel, long terme ou mentoring de groupe.

Nous avons organisé près de 60 évènements publics et privés réservés à la communauté.

Nous avons aussi créé un écosystème de give back notamment à travers des associations partenaires où nos membres donnent de leur temps et expertise pour l’accompagnement des jeunes.

Le 4ème M est la mise en visibilité de Rôles Modèles Made in Morocco. Ceci s’est concrétisé entre autres par la publication de notre premier ouvrage d’histoires pour enfants: Les Intrépides ou el Wa3rates- Fabuleuses histoires pour héroïnes en herbe. Il s’agit d’un recueil de 10 histoires en arabe et français reprenant le parcours inspirant de 10 marocaines ayant brillé par leurs combats, leur engagement et leurs réalisations. Il s’agit d’un projet collectif ayant rassemblé diverses parties prenantes et dont nous sommes très fières !

Qu’en est il de votre parcours professionnel, en quoi consiste votre poste au sein de la Banque ?

Je suis Directrice Innovation au sein d’un Groupe Bancaire Panafricain. J’ai emprunté ce chemin de carrière après avoir côtoyé l’écosystème Startups qui m’a sensibilité à l’entrepreneuriat et à l’innovation ainsi que leur impact sur la création de valeur pour le pays.

Avec mon équipe, notre mission consiste à accompagner les fonctions métier de la Banque ainsi que ses filiales pour capter des opportunités d’innovation, les cadrer et les designer via des méthodologies d’intelligence collective.

C’est un métier qui me passionne car il permet à la fois de suivre de près les tendances technologiques et de travailler en transverse avec diverses fonctions et profils aussi bien au sein du Groupe qu’auprès de son écosystème !    

Qu’est ce qui vous fait vibrer ?

Les rencontres ! Celles qui provoquent des étincelles, de l’impact et du changement !