« S’inscrire dans le partage, la connaissance de l’autre, la générosité, la bienveillance et ne jamais céder à l ‘ivresse du pouvoir qui complique les relations et les rend inhumaines »
Native de Rabat et j’y ai vécu jusqu'à l’obtention de mon baccalauréat au Lycée Descartes. Je vis à Casablanca depuis vingt sept ans.
J’appartiens à une famille de grands commis de l’Etat qui ont toujours servi l’intérêt général depuis plusieurs générations. Militants nationalistes ils se sont battus pour l’Indépendance de notre pays. Porteurs des valeurs de progrès, de modernité tout en alliant la tradition, ils ont œuvré pour l’égalité des chances entre les deux sexes. Héritière de ces valeurs mon vœu le plus cher est de pouvoir à mon tour les transmettre à mes filles et à toutes celles et tous ceux que je suis amenée à côtoyer.
J’ai fait des études de sociologie de l’art à l’Université des Sciences Sociales de Grenoble et j’y ai obtenu un diplôme de Maitrise de Sociologie de l’Art et des œuvres de la Culture.
La Sociologie porte sur l’étude des phénomènes sociaux et l’art en fait partie. La Sociologie s’intéresse à la consommation des objets culturels (livres, concerts, expositions, théâtre...) et au fait qu’un groupe d’individus déclare aimer tel ou tel artiste ou telle et telle œuvre. Les pratiques et les préférences culturelles des individus, dépendent de leur milieu et statut familial, de leur niveau d’étude et des institutions politiques, sociales et religieuses en vigueur dans leur pays….Ce sont ces multiples facteurs que la Sociologie analyse afin de comprendre les goûts et les choix culturels qui sont très souvent conformes à la position sociale.
Outre mes études de Sociologie qui m’ont formée à l’histoire de l’art, mon père, que Dieu ait son âme, a été le premier à me sensibiliser à l’art et à la culture. Il jouait plusieurs instruments de musique et se passionnait pour la littérature, la poésie, le chant et le beau de façon générale.
Mon frère aîné, architecte, a également poursuivi ce rôle, m’ouvrant les yeux lors de nos voyages au Maroc ou à l’étranger sur les façades des bâtiments, les grilles en fer forgé, les portes, les murailles, les bâtisses anciennes…..
Après l’obtention de mon diplôme de maitrise de Sociologie de l’Art et des œuvres de la Culture à Grenoble, j’ai passé une année à Toulouse au terme de laquelle j’ai décroché mon DEA de Sociologie des Organisations, puis me suis rendue à Paris pour y accomplir un troisième cycle de Sociologie à l’Université de Jussieu.
L’institut du Monde Arabe étant attenant à la Faculté de Jussieu, je m’y suis présentée pour demander un job à temps partiel que je pouvais concilier avec mes études. J’ai ainsi réussi à y travailler durant deux années en tant que conférencière, ce qui revenait à assurer des visites guidées des collections permanentes ainsi que des expositions temporaires à des publics très diversifiés. Mon recrutement par l’I.M.A a été précédé par des stages aux Musées du Louvre, de Sèvres et des Arts africains et océaniens.
C’est mon passage par l’Institut du Monde Arabe et les stages effectués auparavant dans les musées français qui m’ont confortée dans l’idée que l’institution muséale était l’univers dans lequel je souhaitais évoluer durablement. C’était beaucoup plus qu’un coup de cœur.
Derrière la gestion de ces activités, mon objectif est double : d’une part rendre hommage aux grands créateurs et promouvoir les jeunes talents et d’autre part, sensibiliser le plus grand nombre à la culture, contribuer à l’ouverture d’esprit, la tolérance, la flexibilité , la créativité et le renforcement de notre identité …..
Par l’organisation de ses expositions d’artistes nationaux ou internationaux, ses belles éditions de catalogues et ouvrages, ses conférences, ses ateliers pédagogiques, ses cours d’histoire de l’art captivants, ses visites guidées …
Par ailleurs, nous avons créé au sein de la Villa des Arts de Casablanca, l’espace « Pourquoi Pas Moi ». Il s’agit d’une salle que nous réservons aux jeunes talents pour les faire connaître du grand public et des médias afin de leur servir de tremplin. Notre préoccupation est aussi d’aider les jeunes artistes à s’affirmer et à se professionnaliser.
-La donation de madame Valérie Barkowski de plus de 150 œuvres d’Art Contemporain d’artistes internationaux à la Fondation ONA et qui a pu se concrétiser grâce à mon amitié avec cette mécène.
-Le lancement des Journées du Patrimoine de Casablanca en partenariat avec Patrick Armengeau, ex directeur de l’Institut français de Casablanca
-L’aide à la production théâtrale qui se poursuit par le Ministère de la Culture……
-La création de l’Espace « Pourquoi Pas Moi » réservé aux jeunes artistes
-Quelques belles expositions……
La famille compte beaucoup pour moi et à ce titre je citerais en premier lieu ma mère, mes sœurs, mes filles Khadija et Zineb, puis Naima El Khateb Boujibar, Naima Lemcherki, les artistes Chaibia et Feue Leila Alaoui, Hakima Himmich, Najat Mjid, Leila Slimani, et à l’international, Simone Veil, Zaha Hadid, Nicky de Saint Phalle, Meryl Streep , Edith Piaf.
Un moteur sans aucun doute, qu’il s’agisse de mon père et mes frères ou de mon mari. Ils ont contribué fortement à mon épanouissement, mon indépendance et mon ouverture d’esprit.
A la Fondation ONA où j’exerce depuis 26 ans, les Femmes ont toute leur place.
Dieu merci, ma curiosité et mon envie d’explorer de nouveaux horizons demeurent insatiables. Dans le désordre je dirais : le chant, la pratique de plusieurs instruments de musique, la sculpture, le design ainsi que la découverte de contrées lointaines…
S’inscrire dans le partage, la connaissance de l’autre, la générosité, la bienveillance et ne jamais céder à l’ivresse du pouvoir qui complique les relations et les rend inhumaines.
Tania Chorfi
Née à Rabat
Vit à Casablanca
Profession : Responsable du département du patrimoine du Musée Virtuel, des expositions, conférences et ateliers pédagogiques de la Villa des Arts de Casablanca (Fondation ONA)