« La vie est trop courte, il faut vivre l’instant présent sans se préoccuper de demain »
Mes parents sont de Fés. J’y suis née et une année après ma naissance, mes parents ont décidé de monter vers Rabat pour rejoindre la famille proche. C’est donc à Rabat que j’ai grandi entourée par une famille aimante où les valeurs amour, respect et partage étaient de rigueur. Nous sommes une fratrie de trois enfants et j’en suis l’ainée. Je m’identifie toujours à Rabat où j’ai passé de très bons moments même si cela fait plus de 30 ans que je vis à Casablanca.
Après une scolarité sans problème à la mission française où j’ai obtenu mon baccalauréat B, j’ai opté pour poursuivre des études en Economie et Gestion en France même si plus jeune je me voyais vétérinaire ou architecte. Le destin en a fait autrement et ce n’est pas plus mal. Ce même destin m’a quand même fait un petit clin d’œil puisque aujourd’hui ma fille est architecte urbaniste et je suis très fière de la jeune femme qu’elle est et de ce qu’elle fait.
Après mes rêves d’enfant, je me suis orientée vers une formation en Economie et Gestion et là j’ai choisi une ville du sud de la France pour poursuivre mes études car je ne voulais pas du tout aller vivre à Paris. J’avais envie de retrouver un petit air du Maroc et le soleil du Sud me convenait très bien. Je suis arrivée à Aix en Provence et j’y ai fait tout mon cycle universitaire en Economie et Gestion. Par la suite, j’ai opté pour une spécialisation en Finances et j’ai obtenu un DESS Banque Finances à l’université d’Aix Marseille III. La Finance est ainsi venue à moi et je suis venue à elle.
En rentrant au Maroc, je me suis tout naturellement orientée vers le secteur bancaire pour mon 1er job et je n’ai plus quitté la Banque. La chance que j’ai eu est que l’on m’a permis d’y exercer plusieurs métiers et j’ai pu ainsi avoir un parcours plutôt diversifié et enrichissant.
J’ai commencé par les métiers de la banque pour bien les comprendre à savoir faire du commercial, gérer une agence bancaire, … et ensuite j’ai découvert les Ressources Humaines, le Marketing, la Communication, ...puis aujourd’hui PDG d’un établissement financier, filiale d’un grand groupe bancaire de la place. Je pense que l’un des métiers qui m’a le plus marqué a été celui des ressources humaines car au contact des collègues on y apprend tous les jours.
Le seul secret est le travail, la ténacité, la rigueur et l’engagement. En tant que femme, il faut faire ses preuves tout le temps et encore plus que les collègues hommes. C’est d’autant plus vrai quand on intervient dans un monde plutôt « masculin », même si nous voyons de plus en plus de changements dans les mentalités. J’ai eu à redoubler d’efforts en continu, mais j’ai très souvent réussi à montrer que j’étais là et à faire entendre ma voix.
J’ai plusieurs passions mais je pense que la lecture y tient la part du lion. La sensation de tenir un livre entre mes mains est juste extraordinaire. A côté de cela, j’aime cuisiner, quand j’ai le temps, et partager des moments simples avec ma famille en écoutant du jazz ou de la musique classique.
Sinon je m’engage beaucoup dans l’associatif et notamment dans l’éducation des enfants. Nos nouvelles générations auront beaucoup de challenges à relever et pour cela, elles doivent être au diapason en matière d’éducation et de développement pour porter notre pays et lui donner la place mondiale qu’il mérite. Nous vivons des changements mondiaux profonds et nos enfants doivent avoir les fondamentaux nécessaires pour réussir. Nous devons tous y contribuer en jouant un rôle certain en tant que société civile.
Si féministe veut dire égalité des genres, alors oui, je suis féministe.
La femme marocaine a toujours joué un rôle important dans notre société et dans l’histoire de notre pays et cela, il ne faut pas l’oublier. Nous nous devons de perpétuer cette participation de la femme marocaine dans toutes les sphères de la société car qui n’avance pas recule et ce n’est pas acceptable. C’est un sujet qui doit être porté autant par les femmes elles-mêmes que par les hommes.
Nous sommes tous concernés par le rôle de la femme dans la société et par sa place dans les sphères publiques et privées de la société. Maintenant, je dirais que les femmes doivent comprendre qu’elles doivent être les actrices du changement et faire preuve de solidarité entre elles pour faire avancer les mentalités.
La femme marocaine doit croire en ses rêves et en ses capacités et oser dépasser les croyances limitantes.
Je pense que la perte accidentelle de ma sœur avec toute sa petite famille a été la situation la plus dramatique que j’ai eu à vivre et qui m’a donné une grande leçon de vie : la vie est trop courte, il faut vivre l’instant présent sans se préoccuper de demain.
Je dirais que le 1er homme est mon père mais avec une maman comme la nôtre, il n’avait pas trop le choix que de soutenir ses filles et de leur offrir le meilleur à savoir une bonne éducation. Sa seule exigence, vis-à-vis de nous, était que nous devions être indépendantes et ne pas dépendre de lui ou de son héritage pour vivre.
Ensuite, j’ai eu à rencontrer plusieurs hommes dans ma vie professionnelle qui m’ont fait confiance et m’ont permis d’évoluer.
Enfin, il y a mon mari qui a toujours été là pour moi et je l’en remercie.
Beaucoup de choses ont changé et ce n’est pas fini. Nous avons réappris à vivre en famille et à partager des moments simples et en même temps tellement profonds. Je me suis beaucoup reconnectée avec la nature et les plaisirs simples de la vie tout en reconsidérant mes priorités.
Samira Khamlichi
Née à Fés
Vit à Casablanca
Profession : PDG de Wafacash