« On doit persévérer et voir le verre à moitié plein, toujours ! »
J’ai une triple appartenance, qui me définit plutôt bien, des origines algériennes, avec un très fort attachement pour le Maroc, où j’ai construit ma vie familiale et professionnelle depuis plus de 25 ans et où mon grand-père maternel s’est établi dans les années 30, et un prénom tunisien hérité de Wassila Bourguiba.
J’aspirais à faire beaucoup de choses et plutôt opposées, d’abord une carrière de danseuse, de cadre dans le sport, puis un avenir imaginé comme océanographe, car j’étais passionnée par le monde sous-marin et les documentaires de Cousteau.
Puis d’autres horizons se sont ouverts en France, car mon père venait d’être muté comme attaché culturel, moi la scientifique, j’ai choisi le droit un peu sur un coup de tête et des échanges avec mon frère ainé et je n’ai pas regretté, car mon professeur de droit à Nancy disait « le droit mène à tout pour celui ou celle qui sait s’y prendre ». Ensuite j’ai poursuivi à Paris mon troisième cycle.
C’était la danse classique et le volley Ball au niveau national (l’esprit d’équipe, la persévérance, l’amour de la scène, du dépassement de soi ..)
Pour la danse j’ai encore ce souvenir à 15 ans où j’ai participé à Lausanne (Suisse) en plein mois de février à l’un des plus importants concours de danse classique amateur au monde et pour différentes raisons, mon professeur de danse n’a pas pu m’accompagner, de ce fait on m’a assigné le ballet de Tokyo comme collègues d’entrainement. Je ne sais pas s’il fallait être inconsciente ou autre chose, mais je ne parlais pas japonais évidement et eux aussi très peu d’anglais, encore moins le français, un niveau très élevé et moi première jeune femme du monde arabe et africain à participer à ce type de concours (depuis des jeunes marocains y ont excellé). C’était un peu la troisième dimension, je n’ai pas été bien classée certes, mais les suédois m’ont offert une bourse pour poursuivre et surtout j’ai appris à oser, à me lancer, à participer.. Et ça c’était déterminant dans une carrière d’entrepreneure.
Oui en arrivant au Maroc, j’ai d’abord passé un entretien pour un job dans l’univers de la banque pour un groupe espagnol, mais je me suis très vite reprise, en me disant que je voulais être autonome, mon propre patron. C’est ainsi que j’ai démarré, avec des partenaires européens, une entreprise de conseil en mesure de faire le lien entre investisseurs étrangers et sociétés de conseil au Maroc, une forme de hub d’experts. Ensuite j’ai cédé à mon associé, suite à une rencontre avec un industriel qui m’a fait confiance pour me lancer dans une structure de saisie de bases de données délocalisée pour le compte d’entreprises étrangères ; cela a bien fonctionné durant 3/4 ans, puis mon associé a décidé de la revendre plutôt bien car je ne trouvais pas l’activité en cohérence avec mes aspirations .. Je me suis engouffrée dans le monde du conseil RH (Recrutement, évaluation…) et de l’organisation de contenu de conférences, car le besoin était là et mon associé, lui-même industriel, avait des besoins importants en recrutement, nous avons été positionnés durant des années parmi les cinq premiers cabinets du Maroc, avec aussi des missions à l’étranger notamment pour les institutions nationales
Cette aventure a été passionnante et apprenante et j’ai eu des associées formidables, complémentaires, expertes chacune dans son domaine, avec de belles équipes mixtes durant plus de 20 ans.
Mon engagement pour l’associatif, en particulier pour l’AFEM, s’est fait par hasard, suite à l’appel d’une amie alors que j’étais temporairement aux USA et l’adhésion s’est faite à distance quelques mois après la création de l’association. Le temps passe vite ! J’y suis toujours active avec des périodes où je l’étais moins, selon mes engagements professionnels, familiaux et les sujets que l’on traitait ...
J’ai d’autres engagements, notamment pour un Maghreb économique fort avec l’ICEM et j’ai été sur le même sujet mais concernant les femmes, commissionnaire Afrique du Nord au sein de FCEM (Femmes cheffes d’entreprises mondiales) plus naturellement un réseau qui résume assez bien les sujets sur lesquels je me suis toujours engagée (Femme dans l’économie, femme et égalité pro.). J’ai fondé en 2018 le club des femmes DRH. L’empowerment au féminin est timide en entreprise malgré une belle percée des femmes cadres et l’objectif pour moi est clair, le Maroc va progresser plus vite et ira plus loin, grâce à l’autre 50% de la population que sont les femmes, bien évidemment avec la contribution des hommes.
Aujourd’hui, je ne suis plus dans les RH, la transmission est mon fer de lance, je continue à modérer et à assurer la coordination de conférences, avec une forte appétence pour travailler avec les ONG sur les sujets de la contribution des femmes dans l’économie, du digital et de l’innovation, animer des réseaux féminins et peut être entreprendre dans quelque chose de nouveau, pourquoi pas ?
Une magnifique terre d’accueil qui peut être parfois rude, c’est toute ma vie depuis plus de 25 ans, mes enfants, mes amis et tout ceux que j’ai croisé et qui m’ont aidé à grandir ..
Est-ce que j’ai réussi ? je ne sais pas mais j’ai eu la vie que j’ai voulu, la vie que je me suis choisie, ça n’a pas été un long fleuve tranquille, j’ai travaillé dur, j’y ai mis beaucoup d’énergie…
On doit persévérer et voir le verre à moitié plein, toujours !!
1/ Bien s’entourer ! Il faut être conscient de la qualité de son entourage pour démarrer une aventure entrepreneuriale et pouvoir actionner les bons leviers le moment venu !
2/ Ne pas s’isoler : surtout être curieux et s’intéresser à tout ce qui touche de près ou de loin le projet, surtout ne pas rester dans sa bulle !
3 / Avoir une part d’inconscience / de rêve qui nous porte !! y croire très fort
Wassila Kara Ibrahimi
Née le 06 Janvier 1962
À Azilal (Maroc)
Vit à Casablanca
Profession : Entrepreneure, consultante, femme engagée pour une présence juste des femmes dans l’économie.