Hynd Bouhia

Visage du Maroc
May 9, 2023

« La force de la gratitude m’a permis d’atteindre de hauts niveaux à la fois dans mes études et dans ma vie professionnelle »

Quelles sont vos origines et où vivez-vous ?

J’ai grandi à Casablanca, née d’un mariage mixte, mon père marocain, originaire du Sud et ma mère née Tunisienne. j’ai eu la chance de baigner dans ces deux cultures. Très tôt, j’ai aimé l’école, les matières scientifiques me passionnaient, et particulièrement les mathématiques. Après un cursus classique, CPGE et concours j’ai rejoint Paris, ensuite Boston puis à Washington, DC. De retour au Maroc, je me suis installée à Rabat, où je vis aujourd’hui avec mon mari et mes quatre enfants.

Quelles études avez-vous poursuivies et pourquoi ce choix d’études ?

J’ai poursuivi des études d’ingénieur à l’Ecole Centrale Paris, où je me suis concentrée sur l’industrie et le transfert de technologie aux pays en développement. Mon choix d’études était aligné avec mon intérêt profond pour les matières scientifiques et l’ingénierie. Mon père m’a léguée cette passion depuis mon plus jeune âge et très vite j’ai suivi ses pas.

J’ai continué mes études supérieures pour comprendre l’interaction entre les techniques de l’ingénieurie et le développement économique avec un Master puis un Doctorat à l’Université d’Harvard. La moitié des années 90 a connu la montée des notions de développement durable dans les enseignements académiques et de recherche. A ce moment-là, j’ai approfondi mes études autour de l’ingénierie environnementale et le développement durable. Cette connexion m’a permis de relier la partie technique de l’ingénierie, le développement économique et l’impact réel. Toujours en relation avec ma passion pour le développement et mon rêve d’accompagner les pays dans leur croissance et leur vision stratégique.

Qu’est-ce qui vous a toujours passionné dans les études pour collectionner autant de diplômes ?

J’ai toujours été fascinée par les grandes Universités et les grands savants du Monde. Pour aborder les diverses problématiques du développement, j’ai compris le besoin d’acquérir et approfondir mes études, afin de nourrir ma compréhension vu les degrés d’ imbrications entre les domaines et les secteurs. J’ai entrepris donc, d’avancer sans relâche dans mes études, pour compléter mes connaissances de façon sûre et solide.

Ma fascination pour l’économie et le développement économique, s’est nourrie à l’Université d’Harvard , où j’ai effectué ma recherche pendant mon Doctorat. A Harvard, où officiellement, j’étais affectée au département de l’ingénierie de l’environnement, je m’organisais pour aller suivre également les cours d’économie, du département économique. J’ai continué avec un Master à Johns Hopkins en Relation Publique et Finance, alors que je travaillais à la Banque Mondiale à Washington DC.

Je ne me lasse jamais d’apprendre. Plus j’avance dans le compréhension du leadership, plus je me rends compte que le leader est un étudiant de leadership à vie.

Vous avez toujours ressenti de la gratitude pour ce que vous vivez, comment vous est venu ce sentiment ?

Cette question me va très bien. C’est vrai que la force de la gratitude m’a permis d’atteindre de hauts niveaux à la fois dans mes études et dans ma vie professionnelle. Elle m’a surtout soutenue durant les moments les plus durs de ma vie professionnelle. Ce sentiment est venu de par mon appréciation intrinsèque des choses les plus basiques dans la vie et de ma capacité à relativiser. Mon intérêt pour le développement est né de toute l’empathie que je ressens pour les personnes les moins favorisées. Cela m’a toujours permis de remettre les choses en perspective et de ne jamais oublier la gratitude pour chaque moment que nous vivons et que nous savourons.

Racontez-nous vos 8 ans au sein de la banque mondiale à Washington !

Mes 8 ans à la Banque Mondiale est la partie la plus fascinante de ma carrière. J’étais jeune, passionnée par le développement et tellement prête à contribuer à ce rêve : « un monde sans pauvreté » - le slogan de l’époque de James Wolfensohn, Président de la Banque Mondiale entre 1995 et 2005. J’avais commencé par travailler sur les pays de l’Amérique Latine dans l’élaboration des stratégies nationales et régionales pour la gestion de l’eau et de l’environnement. Ensuite, j’ai intégré le département de l’Asie de l’Est où je me suis penché sur la Stratégie de Pauvreté pour le Laos et un grand projet hydraulique en Thailande, avant de me retrouver dans la région du Monde Arabe. La Banque Mondiale est une institution tellement diversifiée permettant d’avoir une belle expérience à travers différents pays et différents secteurs. Après 5 ans à travailler sur les projets de développement, je me suis retrouvée pendant 3 ans à la Trésorerie de la Banque, qui est la salle des marchés où je me chargeais de la levée des fonds en monnaie émergeante.

Pourquoi êtes-vous revenue au Maroc ?

Je suis revenue au Maroc parce que j’avais toujours eu cette intention et l’envie profonde de contribuer au développement de mon Pays. J’ai alors rejoins le Cabinet du Premier Ministre Driss Jettou où j’ai travaillé sur des dossiers en relation avec l’industrie, le tourisme et l’investissement. Une expérience unique là où toute la coordination se fait pour la prise de décisions stratégiques.

10 ans après votre retour au Maroc, vous lancez votre propre boite, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous diriger vers l’entrepreneuriat ?

Effectivement, exactement 10 ans après mon retour au Maroc, j’ai créé plusieurs structures de conseil et d’accompagnement stratégique. Maman de trois enfants en bas âge, j’avais besoin de flexibilité pour réaliser un certain équilibre dans mes divers rôles, en particulier de maman et de femme professionnelle. J’ai continué, donc, à travailler sur les sujets qui me passionnent, autour du développement durable. J’ai ainsi continué à développer cet axe afin de mieux accompagner les institutions publiques et privées dans les mises en place des stratégies visant le développement durable et la structuration de portefeuille de projets. L’idée principale est d’agir pour avoir un réel impact durable. Et bien sûr, j’ai toujours enseigné dans différentes universités au Maroc et à l’étranger: la finance, le développement durable et l’optimisation.

Vous avez traversé des moments difficiles, comment avez-vous fait pour les surmonter et quel enseignement en avez-vous tiré ?

L’entreprenariat n’est pas un chemin calme, il intègre beaucoup de surprises et de difficultés. Ces moments difficiles offrent aussi beaucoup de leçons à tirer et surtout de la sagesse quand on arrive à la trouver. J’ai compris comment la force intérieure d’une personne dépasse toutes les circonstances qui l’entourent. Quand on arrive à se connecter avec cette force intérieure, on arrive à maitriser ses émotions et à pouvoir se récréer avec plus de sagesse et d’expertise. Rien n’a jamais était facile, ni quand j’ai été élève, étudiante, doctorante, ou encore employée et encore moins en tant que maman de quatre enfants et manager en même temps. Le plus important est de pouvoir trouver la résilience et d’accepter le vécu pour ce qu’il nous apporte et comment il nous fait grandir.

C’est la raison pour laquelle j’ai créé la Méthode BAL pour accompagner toutes les femmes à devenir des leaders en créant de la richesse et en réalisant un impact autour d’elles.

La Méthode BAL (Believe Act Lead) est structurée autour de trois phases :

  • La première phase pour Croire (Believe) en vous-mêmes et croire en toutes les possibilités qui peuvent se présenter. C’est une phase autour du renforcement de l’intelligence émotionnelle et l’axe énergétique.
  • La deuxième phase pour Agir (Act) en faisant le travail qu’il faut de manière stratégique, en terme de planning, de branding, de communication et de discipline
  • Et enfin la troisième phase pour Mener (Lead) qui permet de transformer votre vie vers l’extraordinaire en utilisant votre génie et votre talent.
Aujourd'hui vous coachez des femmes à réussir leur carrière, pourquoi cette reconversion ?

Je le vois plus comme élévation plutôt que reconversion. D’ailleurs chaque changement que j’ai vécu était une élévation vers un autre espace de maturité, d’autres responsabilités et un niveau supérieur de leadership.

Ce sont les expériences que j’ai vécues, les difficultés que j’ai rencontrées et comment trouver la résilience tout en tirant les leçons de sagesse qui m’ont permis d’être un leader aujourd’hui par rapport au renforcement du rôle de la femme.  Chaque femme porte en elle, une part leader, mais le chemin n’est pas facile. Cela requiert beaucoup de compréhension de la dynamique émotionnelle, de l’état d’esprit et de l’énergie qui nous entourent. Je n’aurais jamais pu comprendre avec autant de profondeur ce que signifie la force intérieure sans certaines difficultés de mon vécu.

La méthode BAL est une référence aujourd’hui pour le leadership au féminin. Cette méthode a transformé la vie de plusieurs centaines de femmes à travers le monde. Elles ont vu des changements concrets dans leurs vies personnelles et professionnelles. On célèbre tous les jours des résultats concrets grâce à la Méthode BAL : des promotions, de nouvelles sources de revenus, de nouveaux projets, de nouvelles relations et surtout réussir à trouver une paix intérieure réelle.

Vous êtes également auteure de plusieurs ouvrages à succès, qu’est ce qui vous a donné envie d’écrire ?

J’ai toujours aimé écrire. Durant Covid, j’ai écrit deux livres de motivation pour les femmes, un en français et un en anglais. Je me suis installée à la ferme avec ma petite famille, et la nature qui m’inspire tellement était le meilleur endroit où j’ai pu me retrouver. Les deux livres sont pour les jeunes filles et les jeunes femmes. Il traite de l’importance d’étudier les STEM (science, technologie, ingénierie et mathématique) pour être les leaders du monde moderne d’aujourd’hui.

En 2022, mon nouveau livre BELIEVE ACT LEAD qui décrit la méthode BAL comme un chemin pour le succès, la richesse et l’impact réel a été publié en devenant un Bestseller. Aujourd’hui, je travaille sur un nouveau livre sur le Leadership.

Tous ces livres s’alignent avec les programmes d’accompagnement, l’Expérience Femme Leader de transformation pour les femmes et les Séminaires que nous organisons également pour le leadership du féminin.

Quel est selon vous le plus grand secret pour réussir ?

Le secret pour réussir est de maitriser le triangle du succès et de savoir l’intégrer dans son style de vie et dans son équilibre personnel. Ce triangle a trois composantes :

  1.  La base est la vision et la stratégie pour garder le cap sur là où on voit, aiguiser son expertise et viser toujours l’excellence dans tout ce qu’on fait.
  2.  La deuxième c’est l’état d’esprit qui permet de garder son optimisme et sa motivation.
  3. Le troisième qui est très peu connu est un axe énergétique : c’est en relation avec l’intelligence émotionnelle et la capacité de naviguer à travers sa vie en incarnant l’énergie féminine sans laisser le paradigme masculin prendre ni le dessus ni la relève !

Mon prochain livre dédié à ce sujet, sera publié cette année en anglais et en français.

En Bref

Hynd Bouhia

Née le 21 Octobre

À Casablanca

Vit à Rabat

Profession : CEO de STRATEGICA, Strategic Analysis

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